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Evolution du secteur depuis 1962

Depuis plus d’un siècle, les divergences d’un régime colonial impitoyable, basé sur la discrimination et la ségrégation systématiques à l’égard des Algériens se sont manifestées dans les différents aspects de la vie, notamment dans l’accès aux services publics. C’est pour cette raison que la gestion de la poste et des télécommunications n’est que le meilleur témoin, vu qu’ils étaient spécifiquement destinés aux colons et étaient exclusivement implantés dans les zones résidentielles qui leur étaient dédiées.

Le réseau postal hérité de l’époque coloniale s’est distingué par deux caractéristiques : la faiblesse et l’exclusion. En effet, il comprenait 826 bureaux de poste en service au niveau national à la fin de 1962, dont une grande partie étaient hors service en raison de la guerre de libération. Prenant exemple d’Alger, qui comptait 31 bureaux de poste dont seulement 13 étaient en service lorsque la souveraineté nationale a été restaurée. Quant aux moyens de travail disponibles en 1962, ils se limitaient à 5 machines à affranchir, 10 machines à calculer, 150 machines à timbrer et 5 balances.

Cependant, cette période de déséquilibre héritée et l’état délabré des infrastructures du secteur, sans oublier le manque de moyens et de ressources logistiques, une pénurie sévère d’encadrement humain a été enregistré au niveau des institutions chargées de fournir les services de la poste et des télécommunications.

Ces institutions ne comptaient qu’un nombre très limité de professionnels qualifiés, qui ne dépassaient pas deux inspecteurs (02), dix (10) contrôleurs techniques et quinze (15) agents techniques, car, pendant l’ère coloniale, la plupart des postes étaient l’apanage pour les français.

Compte tenu de la technologie et de la précision des infrastructures de la poste et des technologies, le capital humain a donc été le principal obstacle, auquel le secteur était confronté après l’indépendance. Cette pénurie constituait un stimulant pour relever le défi de recouvrer la souveraineté sur le secteur. Donc il était impératif de surmonter ce défi pour garantir la continuité des services en s’appuyant sur le potentiel de ces enfants et l’ambition et la détermination du peuple, afin de permettre à chaque citoyen, dans chaque coin de notre vaste territoire, de bénéficier des services de cette infrastructure vitale.

L’Algérie a effectivement procédé à la formation des employés du secteur et a misé à l’amélioration de leurs compétences, en entamant la construction et l’ouverture de l’Ecole Nationale d’études des Télécommunications (ENET) en 1964. Cette Ecole a permis la formation et l’obtention des diplômes d’environ cinquante (50) inspecteurs et contrôleurs techniques, ainsi que cent dix (110) agents d’équipement entre 1964 et 1969.

Dans sa stratégie de développement, le secteur a constamment accordé une place particulière à la formation, notamment à travers deux institutions pionnières, l’Institut National de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication (INPTIC) d’Alger et l’Institut National des Télécommunications (INTTIC) à Oran. Ces deux pôles désormais ont évolué pour devenir actuellement deux écoles nationales supérieures, orientant leurs programmes de formation et de cours vers un encadrement de haut niveau en adéquation avec les évolutions et les besoins de la transformation numérique et de l’économie de la connaissance.

Émission du premier timbre-poste algérien :

Le 1er novembre 1962, vers 17h15, le premier timbre-poste est né en Algérie indépendante. Il s’agit d’un timbre-poste indéniablement exceptionnel, le plus symbolique, réalisé avec des moyens entièrement algériens, portant pour la première fois en langue arabe intitulé “République Algérienne Démocratique et Populaire”.

Ce timbre, de couleur verte, comportait le drapeau flottant de l’Algérie, mettant en avant ses frontières géographiques et soulignant son appartenance à la sphère africaine et à la culture arabo-musulmane. Il porte aussi une symbolique profonde, notamment celle de la solidarité entre les membres du peuple.

Sa valeur était initialement estimée à 1 franc, auquel ont été ajoutés 9 francs, destinés aux familles des martyrs de la glorieuse révolution de libération, en reconnaissance de leurs sacrifices. Ce timbre connu sous l’appellation « le timbre 1+9 », en particulier chez les collectionneurs philatéliques.

Le tirage de 12 825 exemplaires de l’historique «1+9 » est vite épuisé au niveau des bureaux de postes dans une atmosphère baignée d’enthousiasme et de convivialité entre les citoyens et les employés de la poste.

À côté de l’engagement mené quant a la qualification du capital humain et la formation des compétences, l’État a focalisé son attention au cours de la première décennie suivant l’indépendance sur la nécessité de maintenir le bon fonctionnement des équipements malgré leur vétusté.

Le secteur des télécommunications a connu un essor considérable au cours des années soixante-dix, à travers les différents plans de développement successifs visant à développer le réseau téléphonique grâce à l’introduction intensive des technologies disponibles à cette époque. C’est la période pendant laquelle le secteur s’est donné pour mission d’accompagner la dynamique de l’édification économique, que le pays a connue tant sur le plan industriel qu’agricole.

Cette décennie a également marqué par la promulgation du premier texte de loi réglementaire du secteur, à savoir l’ordonnance n° 75-89 du 30 décembre 1975, portant la loi de la poste et les télécommunications, à travers laquelle ont été compilées les dispositions applicables aux opérations de la poste et des télécommunications en vigueur depuis l’indépendance jusqu’en 1975. Les dispositions de cette loi ont confié au Ministère la mission de déterminer la politique du secteur et le rôle de régulateur et d’opérateur des services postaux et des télécommunications.

Le début des années 80  a été marqué par le développement du réseau de commutation et de transmission, notamment à travers l’introduction progressive de la transmission numérique utilisant des câbles coaxiaux et des faisceaux Hertz. Parallèlement, des systèmes de transmission utilisant les fibres Hertz analogiques ont fait leur apparaissions, notamment dans les tronçons reliant l’est et l’ouest, telles que la liaison entre Annaba et Tlemcen sur une distance de 1 000 km et la liaison entre le nord et le sud de l’Algérie (Alger – Laghouat) sur une distante de 430 km, et le tronçon traversant le sud, qui relie huit villes du désert à partir de Ghardaïa, soit une distance totale d’environ 1.900 km.

En ce qui concerne les régions montagneuses et les localités isolées, il a été décidé de fournir des services de télécommunications à travers le système de communication radio rural.

Au début des années 90, a vu l’installation de câbles à fibres optiques pour remplacer les anciens systèmes de transmission, notamment les câbles coaxiaux. En parallèle, les techniques de transmission analogique ont été abandonnées au profit des technologies numériques, marquant la mise en place des grandes liaisons de transmission sur la base de fibres optiques unifiées. Cela a constitué les premières caractéristiques du réseau central à fibres optiques au niveau national.

D’autre part, le projet internet a été lancé en 1998 pour objectif d’établir un réseau composé d’un noyau « cœur de réseaux » principal à Alger et des points de distribution secondaire régionaux à Oran et Constantine, ainsi que 12 autres points d’accès à travers les autres wilayas du pays.

Au début du deuxième millénaire, l’État a entrepris une réforme profonde du secteur de la poste et des télécommunications en promulguant la loi n° 2000-03 du 5 août 2000, fixant les règles générales relatives à la poste et aux télécommunications, afin de relever les défis du XXIe siècle et d’intégrer l’Algérie dans la société de l’information.

Dans ce nouveau contexte, des solutions modernes ont été adoptées pour développer le secteur des télécommunications en Algérie, parmi lesquelles on peut citer :

  • La solution satellite, afin de permettre aux citoyens habitant dans les zones isolés de s’ouvrir aux nouvelles technologie ;
  • L’utilisation du spectre des ondes électromagnétiques, considéré comme une ressource rare au service du développement du secteur ;
  • La création des parcs technologiques en tant qu’outil essentiel pour le développement économique et des pôles d’excellence et des pierres angulaires pour la construction d’une société de la connaissance, ainsi que la promotion d’une économie numérique alternative à l’économie basée sur les hydrocarbures.

Dans le cadre de la poursuite du développement des services de la poste et des télécommunications, la loi 18-04 du 10 mai 2018 fixant les règles générales relatives à la poste et aux communications électroniques a été promulguée dans le but de garantir, la qualité et la transparence dans un environnement compétitif tout en assurant leur amélioration au profit de l’intérêt public et en alignement avec les évolutions et les changements rencontrés par la société de l’information.

L’Algérie actuelle accorde une grande importance à l’autonomisation équitable à tous ses citoyens, où qu’ils se trouvent, afin de bénéficier des services de télécommunications, notamment via internet, en exploitant toutes les technologies disponibles. Selon les données de l’Union internationale des Télécommunications (UIT), l’Algérie compte aujourd’hui parmi les pays avec l’un des taux d’accès à internet fixe les plus élevés de sa région géographique, reposant sur le premier réseau de fibre optique d’Afrique, d’une longueur de plus de 200 000 km.

Le secteur de la poste et télécommunications est mobilisé aujourd’hui pour contribuer à la concrétisation des engagements du Président de la République, notamment dans le domaine de la numérisation et de la transformation digitale et aussi, à renforcer le développement d’un écosystème économique répondant aux normes internationales, permettant à tout opérateur économique privé ou public, national ou étranger, de gérer ses opérations en s’appuyant sur des technologies fiables et efficaces.

Pour conclure, le secteur œuvre au renforcement des capacités des infrastructures et à l’amélioration des services de communication et d’internet, contribuant ainsi, en collaboration avec d’autres départements ministériels concernés, à accomplir la transformation numérique et à généraliser l’utilisation des technologies de l’information et de la communication dans divers domaines, couvrant toutes les segments de la société Algérienne.

Le parcours du secteur de la poste et des télécommunications est considéré, sans réserve, comme un exemple frappant de la détermination d’un peuple algérien qui s’est engagé à gérer ses propres affaires avec souveraineté et indépendance, passant de l’exclusion et de la discrimination qui caractérisaient ses services avant le recouvrement de la souveraineté nationale à l’équité et l’égalité au bénéfice du service public dans l’Algérie indépendante.

Aujourd’hui, le secteur postal, tout en valorisant ces réalisations, se tient au courant des évolutions de la vie sociale, il est donc un exemple significatif des gains et du changement de paradigme réalisés par l’Algérie depuis son indépendance et l’’effort accompli avec une détermination renouvelée pour permettre à tous les citoyens, dans toutes les régions de notre pays, de bénéficier de services de haut qualité et de renforcer leurs chances d’intégration dans la société de l’information, en généralisant l’utilisation intensive des technologies de l’information et de la communication.