Au lendemain de l’Indépendance, l’Algérie se trouvait confrontée à une situation des plus archaïques dans le domaine de la poste et des télécommunications, au regard des avancées technologiques dans le monde. Hormis les infrastructures servant les besoins de la colonisation et des colons, notre peuple est resté en marge du progrès et des évolutions dans de nombreux secteurs. La fracture dans le domaine postal et téléphonique reflétait l’état d’indigence et de pauvreté de notre population, notamment celle de nos campagnes qui étaient totalement exclues du réseau postal et téléphonique. C’est ainsi que l’Etat algérien s’est engagé progressivement à rattraper ce retard en mettant en œuvre successivement plusieurs plans de développement.
S’agissant de la Poste, la situation des services postaux était caractérisée en 1962 par une insuffisance du réseau postal et par une disparité importante entre les villes et les campagnes. Durant les premières années de l’Indépendance, les services postaux avaient pour souci essentiel de faire face à une situation, on ne peut plus, difficile, avec un personnel réduit, jeune et inexpérimenté et des moyens matériels précaires. Les tâches étaient donc ardues; il fallait tout mettre en œuvre pour :
A la fin de l’année 1962, l’Algérie disposait de 826 bureaux de poste en service à travers le territoire national. Grâce aux autorisations de programme obtenues dans le cadre des différents plans de développement mis en place, le réseau postal a atteint 3310 établissements en début de l’année 2000, soit un bureau de poste pour 9500 habitants. Les ressources allouées par le Gouvernement au développement du secteur postal ont permis, outre l’extension de ce réseau, la réalisation d’importantes actions qui se sont traduites par l’augmentation du trafic et l’introduction de moyens informatiques, notamment pour la gestion des comptes courants postaux à partir de 1974. C’est ainsi que les bureaux de poste importants des chefs lieux de wilaya ont bénéficié de moyens de transport pour l’acheminement et la distribution du courrier et d’équipements de mécanisation des opérations (machines à affranchir, à émettre des mandats, à calculer, etc.). Durant cette période, l’administration a créé les centres des chèques postaux d’Oran et de Constantine pour alléger la charge du centre d’Alger et réduire, ainsi, les délais d’acheminement du courrier destiné aux titulaires de comptes CCP.
A la veille du plan triennal de 1967, notre pays disposait de 4 centres de tri répartis comme suit : 02 centres de tri de la poste aux lettres et 02 centres de tri des colis-postaux implantés à Alger et à Oran. Des centres régionaux de traitement des mandats et de l’activité CNEP ont été également crées dans 08 régions du territoire national à raison d’un centre par région et par compartiment de service. Ces réalisations ont fait passer le trafic du compartiment CNEP de 23 000 comptes en 1965 à plus 3,2 millions comptes en 2000. Le nombre de comptes CCP était, quant à lui de 150 000 en 1962 est passé à 5,4 millions de comptes CCP en 2000 avec plus de 240 milliards DA d’avoir. Les efforts de l’administration en matière de distribution de courrier ont porté sur deux actions essentielles, à savoir : l’extension du réseau de distribution par la création de nouvelles tournées dans les villes comme dans les compagnes, faisant passer le nombre de tournées de 1 100 à plus de 3 800 en 2000. Le parc de boites postales est passé, quant à lui, de 4 000 en 1962 à plus 162 000 en 2000. Quant aux employés à plein temps de l’administration postale, leur nombre est passé de 2000 agents en 1962 à plus de 21 000 en 2000. En matière de concurrence, il convient de préciser que le secteur postal a été partiellement ouvert à la concurrence avant les réformes de 2000 et cela grâce à un décret législatif qui a permis à l’opérateur DHL du courrier EMS de créer une société de droit algérien en 1994.
Concernant les Télécommunications, le réseau national, constitué, au lendemain de l’Indépendance, de 146 000 équipements desservant 108 000 abonnés, pour une population avoisinant les 8 millions d’habitants, était réparti sur des centraux vétustes qui ne répondaient pas aux exigences d’un écoulement normal du trafic. Ce réseau ne couvrait qu’une infime partie du territoire national et son déploiement ne correspondait nullement aux besoins du pays.
Sur le plan des transmissions, le réseau reposait essentiellement sur des lignes aériennes desservant uniquement les grands centres urbains. Les connexions téléphoniques internationales, quant à elles, n’existaient qu’avec la France, le Maroc et la Tunisie. Globalement, les services offerts durant la période 1962 – 1999 se limitaient à la téléphonie et le telex. Sur le plan de la ressource humaine, le nombre d’ingénieurs et techniciens des télécommunications était très faible à l’Indépendance, et les pouvoirs publics ont dès l’année 1963 procédés à l’envoi de personnels techniques en formation à l’étranger. Les années suivantes ont vu le lancement des activités de formation et de perfectionnement et ce, avec la construction et l’ouverture de l’Ecole Nationale d’études des Télécommunications ( ENET) d’Alger pour la formation des techniciens et techniciens supérieurs et l’ouverture de l’Institut National des Télécommunications d’Oran pour la formation des techniciens supérieurs et des ingénieurs d’application .
Le secteur de la poste et des télécommunications était jusqu’à l’an 2000 régi principalement par l’ordonnance n°75-89 du 30 décembre 1975 conférant au ministère des Postes et Télécommunications à la fois la mission de définition de la politique sectorielle et le rôle d’opérateur et de régulateur . Il avait, ainsi, le monopole des services postaux et des télécommunications. En l’an 2000, le Gouvernement a opté pour une réforme en profondeur du secteur des postes et télécommunications afin de relever les défis du 21ème siècle et d’arrimer l’Algérie à la société de l’information. Cette réforme, dictée par la nécessité d’assurer la compétitivité et la diversification de l’économie algérienne et de ses entreprises et de favoriser le développement d’un secteur des télécommunications concurrentiel et dynamique, prenait lieu dans un contexte de globalisation croissante, de la préparation de l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation Mondiale du Commerce et de la négociation d’un accord d’association avec l’Union Européenne.
La stratégie élaborée à la faveur de cette ambitieuse réforme visait, notamment, les principaux objectifs ci-après :
Accroître l’offre de services postaux et téléphoniques et faciliter l’accès aux services de télécommunications au plus grand nombre d’usagers, en particulier en zones rurales
Les grands axes du programme de réforme mis en œuvre s’articulaient autour de :
Pour ce qui est de la poste et à la faveur du nouveau cadre juridique mis en place par la promulgation de la loi 2000-03 du 05 aout 2000 fixant les règles générales relatives à la poste et aux télécommunications, les activités d’exploitation ont été confiées, dès l’année 2002, à l’établissement public à caractère commercial et industriel (EPIC), Algérie Poste, créé par le décret exécutif n°02-43 du 14 janvier 2002. De même, la diversification des prestations a été instaurée par l’ouverture à la concurrence de certains segments au grand bénéfice des citoyens. Cette ouverture a permis l’apparition de 4 autres opérateurs du courrier EMS dont un opérateur public (FEDEX, UPS, CHRONOPOST et Champion poste d’Algérie Poste) et 40 opérateurs postaux exerçant sur le segment de la simple déclaration qui concerne les envois du régime domestique dont le poids est fixé par voie réglementaire. Les efforts de développement et de modernisation du secteur postal se sont poursuivis avec les différents programmes de développement.
Ces programmes ont permis d’atteindre les objectifs suivants :
Par ailleurs, dans le cadre de la promotion de notre patrimoine philatélique, reflet de l’évolution historique, culturelle, institutionnelle et socioéconomique du pays, il a été procédé, en 2006, à la conception et à la réalisation d’une anthologie des timbres poste et, en 2007, à la confection d’une encyclopédie de très haute facture contenant près de 1 600 timbres répartis en 6 volumes. Cette grande œuvre artistique a été éditée en 4 langues (arabe, français, anglais et espagnol).
Des efforts considérables ont été déployés en termes de dynamique de développement durant la période 2000-2015. Ils sont illustrés par les évolutions ci-après :
Sur les 3 310 bureaux de poste qui constituaient le réseau national en 2000, environs 50% sont implantés en milieu rural et plus de 350 établissements étaient fermés au public. Aussi, l’Etat a concentré ses efforts sur la réouverture des bureaux fermés et la poursuite de la densification du réseau ; ce qui a permis de passer de 3 310 en 2000 à près de 3 700 bureaux en 2015. Durant cette même période, le nombre de centres de tri est passé de 9 à 11 centres suite à la création du centre spécial courriers des CCP et d’un autre pour le courrier de la Wilaya d’Alger. Le nombre de 4 centres de colis postaux n’a pas changé en raison de l’ouverture du segment à la concurrence qui s’exerce actuellement entre 5 opérateurs pour l’EMS et 40 opérateurs pour le régime de la simple déclaration.
Le parc des boites postales est quant à lui passé de 162 000 boites en 2000 à 400.000 boites en 2015 alors que le nombre de comptes CCP est passé de 5,4 millions en 2000 à plus de 18,5 Millions Comptes en 2015 avec un avoir de 600 milliards de DA. Dans le cadre de la convergence des réseaux de télécommunications et de l’utilisation de l’Internet, une plate forme de 1 500 lignes spécialisées a été acquise et installée en 2007 pour les besoins des bureaux de poste. Cette plate forme IP a été complétée par une plate forme de messagerie d’une capacité de 500.000 boites, permettant à Algérie Poste de se doter de son propre réseau de messagerie intranet.
L’administration du réseau téléinformatique CCP a également fait l’objet, en 2002, de l’acquisition d’un ensemble de matériels et logiciels pour superviser, diagnostiquer et effectuer la maintenance à distance.
En matière de monétique à fin 1999, 110 Distributeurs Automatiques de Billets de banque (DAB) ont été installés au profit de 100.000 porteurs de cartes magnétiques PTT. Pour cela, un projet monétique d’Algérie Poste a été réalisé et intégré dans le processus de réforme du système financier national visant en particulier la modernisation des systèmes de paiement de masse et la dématérialisation des moyens de paiement. C’est ainsi qu’en 2007, un centre monétique et son back up ont été mis en place. Les porteurs de cartes électroniques sont passés en 2015 à 7 millions et le réseau des GAB à 700.
Les services financiers postaux sont en position dominante sur le marché des paiements à vue et de l’épargne et constituent, de ce fait, le réseau le plus dense et le plus moderne du pays, s’appuyant sur des systèmes transactionnels en temps réel.
En plus des projets de densification et d’embellissement du réseau postal, Algérie Poste a mis en production des centres dotés de hautes technologies (centre de tri mécanisé national et international, centre de courrier hybride, centre monétique, centre de personnalisation des cartes CCP, centre de traitement des réclamations internationales et centre de la Philatélie).
La modernisation des moyens par :
Concernant le secteur des télécommunications, Algérie Télécom est l’acteur historique et principal en charge de l’exploitation des réseaux et l’outil incontournable de mise en œuvre d’une stratégie d’introduction des nouvelles technologies de l’information et de la Communication en Algérie, affirmant ainsi sa pleine contribution à l’édification de la société algérienne de l’information et ce, à travers la plus large connectivité possible du public.
Le plan d’action d’Algérie Télécom vise la modernisation du réseau. Cette modernisation n’est possible qu’à travers la densification de la Fibre Optique afin de permettre de fédérer les réseaux voix et data au niveau national ainsi que la généralisation de l’utilisation du support en Fibre Optique au niveau urbain et ce, par le remplacement des câbles de cuivre vétustes, très couteux et source principale de la dégradation de la qualité de service.
Pour véhiculer les services voix et DATA, le réseau international est composé de liens sous-marins, terrestres et satellitaires. Compte tenu de la demande pressante de capacités IP édictée par le déploiement rapide de l’Internet et l’Internet haut débit, la liaison sous-marine Alpal2 qui relie Alger à Palma a connu en 2007, une extension de 2,5 Gbps à 10 Gbps. La deuxième liaison sous-marine « SMW4 » reliant Annaba-Marseille, offre des opportunités plus diversifiées en matière de capacités et des points d’atterrissement éventuels multiples qui permettent la mise en place d’offres diversifiées en matière de voix et d’Internet. Pour renforcer les capacités de bande passante, un troisième câble sous marin de 100 Gbps reliera Oran à Valence et Alger à Valence (Espagne) à partir du début de l’année 2017.
Dans le domaine de l’Internet, l’évolution est positive à plus d’un titre. En effet, à partir de 2008, les 1 541 communes sont raccordées à l’Internet via le réseau ADSL, ce qui a permis de connecter les foyers, les entreprises.. La bande passante internationale qui se limitait à deux liens de 34 Mbps à connu une évolution progressive depuis 2004 pour atteindre 5 Gbps en 2005, 10,8Gbps en 2007 ensuite 48 Gbps à 2010 pour arriver aujourd’hui à 420 Gbps et ce, avec une diversification des supports internationaux (Alpal2, SMW4) et des fournisseurs Internet Internationaux.
S’agissant de la téléphonie mobile, c’est à la faveur de la loi 2000-03 que le marché est ouvert à l’investissement privé favorisant la concurrence pour de fournir un service public de qualité à un cout raisonnable sur l’ensemble du territoire. Très vite, le marché a connu une explosion sans précédent. Dés 2002 un second opérateur, Orascom Telecom Algérie – Djezzy, vient concurrencer l’opérateur public ATM- Mobilis au grand bonheur des usagers. Cette concurrence devient davantage ardue à partir de l’été 2004 avec l’installation de Wataniya Télécom Algérie, Nedjma, Ooredoo aujourd’hui. En mai 2001, L’ARTP est mise en place comme organe de régulation du secteur, pour veiller au bon fonctionnement du marché et de la concurrence, et à la préservation de l’intérêt général des usagers.
Les trois opérateurs totalisent aujourd’hui près de 45 millions d’abonnés avec des offres de plus en plus diversifiées à des prix concurrentiels. La téléphonie mobile de technologie 3G est mise en œuvre depuis 2014 et se déploie graduellement sur l’ensemble du territoire national.